Matelas chinois

Avec des barres de faire barres de fer croisées… bah, on le regrette pas!!!

Le futon japonais (le vrai, pas les faux vendus à prix d’or en France) à côté c’est le confort extrême…

Un portrait trop négatif?

Certes, le portrait que j’ai tracé de la Chine et des chinois n’est pas spécialement à leur avantage. Mais ceci est lié au fait que j’ai choisi une immersion totale avec les chinois – une expérience hard quoi !

J’ai parlé avec des chinois, mangé avec des chinois, étudié avec les chinois, dormi avec les chinois… (Rhôôô l’autre! Mais non, j’ai « juste » pris le train couchettes en 2è classe, où les compartiments n’ont pas de portes et où tu partages le wagon avec « seulement » une soixantaine de personnes – et pas des classes sociales supérieures, si vous voyez ce que je veux dire).

C’est très difficile dans le sens où nous n’avons pas les mêmes standards pour beaucoup de choses (qualité, hygiène, organisation, calme…).

J’ai vécu énormément de choses cette année.

Il y a eu des moments magiques. Un prof qui me fait « Tu es une pionnière, aucun étranger n’est jamais venu en cours de gestion en chinois ! ». L’émerveillement de mes copines quand je leur parle de l’Occident. Ce qu’on fait, ce qu’on mange, ce qu’on pense. La culture, la politique, etc. Dans un pays où tout est filtré ou censuré, on se prendrait presque pour un agent secret de l’Ouest infiltré en URSS…

Il y a eu des moments qui craignaient vraiment. Un jour une fille vient me voir et me dit (le cours de logistique allait commencer) « Il faut que tu partes car il va y avoir un cours ». Les pires insultes ne consistent donc pas à jeter des grossièretés à la tête de son interlocuteur… Ou encore : « Si tu veux on mange ensemble un midi à la cantine ? » « Ok mais tu paies pour moi ! ».

Il y a des moments où, tout simplement, on « pète un câble ». La bureaucratie, la paperasse, ça tue à la longue. Cette fierté chinoise de leur culture trimillénaire, où ils croient qu’on ne peut pas comprendre la Chine et les chinois parce qu’on n’a pas lu Confucius ou Lao-Tseu. Je les ai lus et je peux affirmer que dans la Chine d’aujourd’hui il ne reste plus grand-chose des valeurs taoïstes et confucéennes. Comme dirait monsieur Zhang, « les Chinois n’ont plus de valeurs, il n’y a plus que l’argent qui compte. Mais une société ne peut pas se développer sans valeurs ». A croire qu’entre la Chine et la France, les plus « communistes » c’est nous…

L’harmonisation, aussi. Ce magnifique mot a été détourné par les chinois et désigne aujourd’hui l’épuration intellectuelle, culturelle et surtout politique : la société est « harmonisée », tout le monde pense pareil. Si tu penses pas pareil, paf !, tu es harmonisé ! C’est la dure loi de la jungle l’harmonisation. Slogan des JO asiatiques de cette année (Canton, fin 2010) : construisons une ville civilisée (comprenez : où on ne crache pas dans la rue, où on ne jette pas ses ordures dans la rue : il y a encore du chemin à faire donc), accueillons des jeux harmonieux (ça ne sera pas un problème).

Il y a des moments où on relativise à mort. Quand je vois comment mes copines vivent, et comment les paysans vivent (les 2/3 des chinois sont paysans), je me dis que je contente de ne pas être chinoise. Vous n’imaginez pas, mais vous avez accès à un tas de services et de produits de bonne qualité, vos médicaments ne sont pas contrefaits, vous ne glissez pas sur des ordures toutes les 30 secondes dans la rue, vous n’achetez pas de la viande en pensant que vous allez peut-être mourir empoisonné, etc.

Bref, ça a été difficile pour moi mais j’ai appris beaucoup, aussi bien linguistiquement que culturellement. Mais dites-vous bien que tout n’est qu’une question de choix. Les autres étudiants qui sont partis en même temps que moi n’ont pas trouvé la vie dure. Mais ils n’ont pas côtoyé les « vrais » étudiants chinois : ceux qui parlent pas ou peu anglais, ceux qui vivent à 6 dans des dortoirs grands comme la moitié de votre salle à manger. Et aujourd’hui, ils ne parlent pas chinois. Ils n’ont pas pris des cours en chinois mais des cours bidons en anglais. Et pourtant, on va tous avoir la même note à la fin… Bref, ils ont choisi une Chine « à l’occidentale » : anglophone, propre et aisée financièrement.

Tout est une question de choix…

Macau, ses azulejos